Ecrire pour tous·tes : faut-il franchir le pas ?
- Tiphaine BRETON
- 31 mars
- 14 min de lecture
Transcript de l'épisode du même nom du podcast "Inclusif Design Quest"

Pour le meilleur ou pour le pire (je vous laisse choisir), les personnes qui conçoivent les points de contact de la société déterminent qui peut y participer et qui en est exclu. Ces L'écriture inclusive - ce vaste sujet que certain·es résument à quelques points médians qui déclenchent les passions. Un champ de bataille linguistique où s'affrontent militant·es convaincu·es et farouches opposant·es. Mais au-delà des débats enflammés sur les réseaux sociaux et dans les médias, que savons-nous vraiment de cette révolution grammaticale ? Est-ce d’ailleurs une révolution ? D'où vient-elle ? Que cherche-t-elle à accomplir ? Et surtout... quel impact est-ce qu’elle a ou pourrait avoir sur notre société ?
Pas mal de questions en somme…
Dans cet épisode, nous plongeons au cœur de cette controverse pour démêler le vrai du faux, comprendre les enjeux réels, et peut-être... remettre en question vos certitudes. Une enquête qui vous fera peut-être réfléchir sur votre vision du langage.
Tout d’abord, bien que je n’ai pas une passion particulière pour les définitions, je pense qu’il est important de savoir de quoi nous parlons et que nous partions de la même base vous et moi: ainsi qu’est-ce que l’écriture inclusive ?
D’ailleurs on dit écriture inclusive, mais cela s’applique aussi à l’oral. L’écriture inclusive est un langage qui utilise différentes techniques, graphiques et syntaxiques, pour « assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes » et lutter contre le sexisme et les inégalités de genre. Il s’agit donc de rendre visibles des femmes et des personnes non binaires, à l’oral ou à l’écrit, en s’opposant à l’idée que le masculin et les hommes représenteraient l’universel.
Commençons justement par l’aspect de représentation avec une phrase qui ne vous est peut-être pas étrangère :
“Le masculin est neutre et l’emporte toujours sur le féminin.”
Ahhh combien de fois l’ai-je entendu en primaire et au collège… et il est difficile de remettre en question des apprentissages qu’on nous inculque petit·es. Mais en y réfléchissant avec mon regard de grande personne, cette règle est violente, car le masculin n’est jamais neutre comme nous allons le voir juste après. Et cette règle, j’ai commencé à me questionner dessus en commençant les cours d’allemand, au collège.
En allemand, j’ai appris qu’il y avait trois genres grammaticaux : le masculin, le féminin et le neutre, tout comme le néerlandais, l’islandais, le russe, le grec et d’autres langues proto-indo-européennes. Pourquoi pas en français alors ?
Attention, préparez vos torches et vos pioches, on va creuser un peu dans l’histoire :
Le Français, comme les autres langues romanes, est issu du latin. Celle-ci (comme l’allemand) avait 3 genres grammaticaux. Le masculin et le neutre se ressemblant fortement, l’évolution de la langue avec la disparition de la consonne finale qui distinguait les deux a, par conséquent, rendu “neutre” le genre “masculin”. En Français il existe un lien très fort entre le genre grammatical et le sexe des personnes mais il est important de souligner que le genre d’un mot est déterminé par sa constitution. Ainsi en français chat désigne l’animal peut importe son sexe, mais aussi le chat mâle (c’est ce qu’on appelle le masculin générique) tandis que “chatte” est un genre marqué.
Ce qui est intéressant de noter c’est que, malgré cette fusion, ce n’est pas à ce moment-là que le français devient une langue sexiste. C’est bien plus tard. Car au Moyen-Âge, la coutume voulait qu’on utilise la langue épicène, c’est à dire le nom commun pour désigner les personnages et les animaux peu importe leur genre. Il était aussi courant d’utiliser les termes masculins et féminins en même temps. Par exemple, dans le fameux (enfin fameux peut-être pas pour nous mais pour celleux qui s’intéressent à cette époque oui), ouvrage d’économie domestique “Mesnagier de Paris” de 1393, il est écrit “ Premièrement d'orgueil j'ai esté orgueilleux ou orgueilleuse et ay eu vaine gloire de ma beauté, de ma force, de ma louenge, de mon excellent aournement, et de l'abilité de mes membres et en ay donné matière et exemple de péchier à moult de hommes et de femmes qui me regardoient si orgueilleusementé.” (Cette phrase était clairement le challenge de l’enregistrement de cet épisode)
Donc comme on l’a vu au Moyen-Âge, la langue est épicène…C’est donc après que ça se gâte…
Au XVIIème et XVIIIème siècle, le Royaume de France s'agrandit et la nécessité d’avoir une langue codifiée afin de pouvoir communiquer facilement apparaît. C’est ainsi qu’en 1635, Richelieu, qui souhaite unifier les territoires conquis par Louis XIV grâce à la langue fonde cette vieille institution qu’est l’Académie Française avec un objectif : “travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences”.
Rien que ça…
Ce qui est intéressant de souligner, c’est qu’à cette époque, l'utilisation du masculin pour exprimer les deux genres et “l’emporter sur le féminin” ne représente qu'une partie des nouvelles règles imposées et provoque de grands débats, comme en 2017 où l’usage de l’écriture inclusive est rentrée dans la débat public et à enflammé les foules.
L’un des premiers membres de notre chère Académie Française est le grammairien Claude Favre de Vaugelas. Dans son ouvrage de grammaire devenu référence sorti en 1647, il affirme “le genre masculin étant le plus noble, iil doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble, mais l’oreille a de la peine à s’y accommoder, parce qu’elle n’a point accoutumé de l’ouïr dire de cette façon”. Mais il note aussi une résistance et une différence entre les règles et l’usage “Néanmoins, puisque toutes les femmes aux lieux où l’on parle bien, disent, la, et non pas, le, peut-être que l’usage l’emportera sur la raison, et que ce ne sera plus une faute.”. Ainsi, on parle d’habitude, et que l’usage prévaut. C’est ce qui fait de notre langue, une langue vivante. Si demain, on commence toustes à écrire les mots à l’envers (parce qu’on a été fortement inspiré par Léonard de Vinci par exemple), eh bah ça deviendra la norme pour le français.
Nous sommes presque à la fin de notre remontée dans le temps.
Car, malgré les réticences, les grammairiens du XVIIème et XVIIIème ont combattu pour que la règle de proximité, c’est à dire l’accord avec le genre le plus proche, soit remplacée par la règle du masculin l’emporte sur le féminin…et cela jusqu’à maintenant, au XXIème siècle où ces règles sont encore la norme qu’on enseigne.
Ainsi alors qu’il était d’usage, il y a quelques siècles, de dire professeuse, autrice et j’en passe… cette habitude a disparu par la suite, même si à l’heure où j’enregistre ce podcast, cet usage perdu revient dans le langage courant.
L’usage d’une langue est très personnelle. Elle permet de montrer son appartenance à un groupe de personnes (les patois par exemple, les expressions nouvelles utilisées par de plus jeunes générations que les nôtres), relater notre connaissance de celle-ci avec l’utilisation d’un vocabulaire plus confidentiel et moins accessible. Mais l’écriture inclusive va au-delà et on peut légitimement se demander son intérêt.
Personnellement, lors de ma découverte de l’écriture inclusive, je ne l’utilisais pas car je n’en voyais pas l’intérêt et je la trouvais compliqué à utiliser. Elle était très peu présente et concrètement les seules apparitions que je distinguais se résumaient pour moi au (e) ou (h/f) des offres de stages. Puis j’ai commencé à me renseigner, à écouter les personnes qui la défendaient ou qui la prohibaient et à lire des résumés d’études sur le sujet.
Alors qu’en dit la recherche ? En 1899, la journaliste et écrivaine Hubertine Auclert déclarait : « L'omission du féminin dans le dictionnaire contribue plus qu'on ne le croit à l'omission du féminin dans le droit. L'émancipation par le langage ne doit pas être dédaignée”. Mais qu’en est-il réellement ?
Après l’histoire, il est l’heure de se plonger dans le domaine des études ! Pour cette partie, j’ai repris, entre autres, des exemples d’études sélectionnées par Scilabus dans sa vidéo que je vous recommande fortement : “l’écriture inclusive a-t-elle un intérêt ? Quelles preuves ?”.
1er point : Le langage influence la représentation mentale
Alors je vais avoir besoin de toute votre attention car je vais vous poser quelques questions. Si je vous dis : Les auditeurs du podcast Inclusive Design Quest laissent de gentils commentaires. (ce n’est paaaaas du tout une manière de vous influencer…bref) Qui sont les auditeurs selon vous ? Est-ce que ce sont que des hommes ? Ou est-ce un groupe au genre inconnu ou avec plusieurs genres ? Comment notre cerveau interprète cette phrase ? Quelle représentation mentale en fait-il ?
Je vous avais prévenu que j’aurais quelques questions…maintenant que vous êtes échauffé, passons à notre étude :
Si je vous dis :
Les créatifs sont sortis de l’agence…de la neige étant prévu, plusieurs femmes ont pris des bonnets. Est-ce que cette suite de deux phrases vous parait logique ? Bon, vu le thème de l’épisode, vous êtes biaisé et je pense que vous avez répondu oui mais ça vous a peut-être fait bugger quelques instants. Cette expérience a été reproduite sur 35 personnes avec 36 phrases dans le même style et avec différents rôles stéréotypés comme les techniciens, aviateurs, infirmiers, assistants maternels, etc…
Avec les différents rôles masculins comme techniciens et policiers, seule la moitié trouvaient que “plusieurs femmes” était une suite logique. Cette étude a été menée en français et en allemand qui est aussi une langue genrée (indépendamment des 3 genres que nous avons vu précédemment) et elles ont obtenu des tendances similaires. Quand on met du féminin après un masculin pluriel, cela semble moins cohérent pour les personnes. Ainsi, même si le masculin se veut générique, il est interprété comme spécifiquement masculine.
J’ai d’ailleurs une devinette en tête que j’aime beaucoup et qui vient du livre “Chirurgien au féminin” d’Emmanuelle Zolesio. La voici :
« Un père et son fils ont un grave accident de voiture. Le père meurt. Le fils est entre la vie et la mort. On l'amène aux urgences et le chirurgien qui le voit dit : “Je ne peux pas l'opérer car c'est mon fils.” Comment cela se fait-il ? ».
Vous auriez pu répondre parce que c’est un couple homosexuel et vous auriez eu raison. Mais dans le cas de notre devinette c’est tout simplement parce que le chirurgien est la mère de l'accidenté. N’hésitez pas à reproduire cette expérience autour de vous, vous verrez que les réactions sont passionnantes et peu sont celleux qui trouvent la bonne réponse.
Comme j’aime bien les expériences, en voici une deuxième. En 2019, des chercheuses ont placé 32 électrodes sur le crâne des personnes participant à l’expérience pour capter l’activité électrique du cerveau pendant que ces personnes devaient lire 236 phrases telle que “Les étudiants sont allés à la cantine parce que quelques unes des femmes avaient faim” ou l’autre version “Les étudiants sont allés à la cantine parce quelques uns des hommes avaient faim”.
Le cerveau est ce qu’on appelle un “déducteur précoce”. Quand il lit une phrase ou l’entend, il a déjà formé une image mentale du groupe ou de la personne.
Si la suite de la phrase ne provoque pas d’activité électrique, c’est que sa déduction était bonne. Et il se trouve que dans cette étude, lorsque la suite d’une phrase était avec des personnes au féminin, cela créait une surprise et un pic d’activité du cerveau car il s’attendait au masculin. Ainsi, le masculin neutre…bah n’est pas neutre ! Notre langue a actuellement un biais masculin. Faites attention la prochaine fois lorsque vous lisez, à l’image mentale que vous vous faites.
Notre deuxième point concernant l’intérêt de l’utilisation de l’utilisation de l’écriture inclusive est :
Comme notre langage influence notre représentation mentale, il influence par conséquence les possibilités
Dans 5 études menées par Markus Brauer et Michaël Landry en 2008, ceux-ci ont par exemple demandé aux participant·es dans un cas de “citez tous les candidats de droite ou de gauche que vous verriez au poste de premier ministre”, et dans l’autre la même question mais en mettant “tous les candidats / candidates”...Et bien devinez quoi ? 3x plus de femmes ont été cité lorsqu’il y avait la double énumération !! Le fait de prononcer le mot “candidate” ouvre la possibilité que ça soit une femme.
Cela vaut pour les adultes, mais qu’en est-il des enfants ?
Selon l’étude “Changing (S)expectations: How gender fairjob descriptions impact children's perceptions and interest regarding traditionally male occupations”, c’est à dire “Comment les descriptions d'emplois équitables du point de vue du genre influencent les perceptions et l'intérêt des enfants à l'égard des professions traditionnellement masculines”... Quand on présente une description de métiers réputés masculins comme pilote/pompier/mécaniciens écrite au masculin…les enfants considèrent que les hommes auront plus de succès que les femmes dans ces métiers. Cet effet est atténué si la description est donnée dans un langage inclusif. Le résultat est le même chez les ados.
Il est donc intéressant de voir que cette perception touche tout le monde peu importe l’âge. Cela démontre l’importance de la représentation aussi bien visuelle qu’écrite.
Puisque des inégalités peuvent être véhiculées par notre langue, on peut, je pense, se demander logiquement si on ne peut pas agir à notre niveau pour réduire ces inégalités. Est-ce que l’écriture inclusive est la bonne solution ?
Alors comme je vous le disais en intro du podcast, l’écriture inclusive en vérité ne concerne pas que l’écriture mais consiste à prêter une attention particulière, à l’écrit comme à l’oral, aux mots qui désignent des personnes, en choisissant des tournures de phrases,
un vocabulaire et des images qui ne perpétuent pas de stéréotypes et représentent équitablement les personnes discriminées. Car même si, jusqu’ici, j’ai beaucoup abordé la question du genre qui est centrale dans l’écriture inclusive, le langage inclusif concerne aussi le sexisme, le validisme, le racisme, les LGBTphobies, la grossophobie…bref que des mots dont on préfèreraient voir les actes qu’ils insinuent disparaître.
Maintenant qu’on a dit tout ça…en quoi consiste réellement le langage inclusif ?
Le langage inclusif a une grande boîte à outils qui va bien au-delà du point médian qui fait encore tant débat aujourd’hui. Je vais vous vous présenter 7 outils que vous pouvez expérimenter, qui ont été résumé par Alicia BIRR, experte en communication inclusive :
1er outil : la féminisation des noms de métiers, comme autrice, entrepreneuse, chirurgienne (pour en revenir à notre devinette)
Le 2ème : les doublets comme Cher·es Françaises et Français, ou comme vous mes cher·es auditeurs et auditrices
Le 3ème : les néologismes comme auditeurices, lecteurices, auteurices… ceux-ci peuvent vous sembler un peu étranges à l’écoute au premier abord. Personnellement, j’ai entendu pour la première fois le mot “auditeurices” dans le podcast “A bientôt de te revoir” de Sophie-Marie Larrouy. Ça m’a un peu titillé l’oreille au début, mais comme tout, lorsqu’on est ouvert·e au changement on s’habitue. Et franchement, c’est plus court que cher·es auditeurs et auditrices, ce qui est un bon compromis entre inclusion et facilité d’utilisation.
Le 4ème outil à notre disposition, et celui qu’il a fait le plus parler, est : la ponctuation afin de créer des abréviations avec le fameux point médian que je préfère au (e) qui peut sembler méprisant (les femmes sont déjà bien assez mise entre parenthèses au quotidien, on peut aussi éviter de le faire dans notre langue) ou au tiret du 6 qui peut couper un mot lors des retours à la ligne.
Je me permets de faire un aparté sur cet outil. Comme tout outil, cela peut prendre du temps pour la prise en main et l’adoption. En tant que novice de cet outil on peut mal l’utiliser ou l’oublier car ce n’est pas encore un réflexe. C’est une habitude à prendre. Moi-même je suis en cours d’apprentissage. Néanmoins de nombreuses personnes sortent la carte de l’accessibilité pour les personnes dyslexiques, malvoyantes et non-voyantes comme argument contre l’écriture inclusive. C’est intéressant de voir que des personnes se découvrent une passion pour l’accessibilité des personnes dyslexiques, malvoyantes et non-voyantes dans ce cas particulier mais on ne va pas leur reprocher.
Concernant la dyslexie, à l’heure actuelle il n’y a que 2 études françaises menées sur un faible échantillon qui existent :
• “De la nécessité d’étudier l’accessibilité des écritures inclusives aux personnes dyslexiques” réalisé par Justine Bulteau dans le cadre de son mémoire de stage au CNRS
• Et l’étude de lisibilité “Écriture inclusive: obstacle infranchissable pour les personnes dys?” par Sophie Vela
Et ces deux études, bien que menées sur un petit échantillon, n’ont pas permis de mettre en évidence un problème de lecture conséquent des personnes ayant un trouble dys par rapport à celles qui n’en n’ont pas. L’écriture inclusive n’empêche pas la compréhension sémantique des phrases. Des difficultés de lecture existent mais ces deux études pointent que celles-ci proviennent notamment d’un manque d’apprentissage et d’habitude quel que soit le handicap, l’âge et l’identité de genre de chaque personne. Le positionnement individuel de la personne face à l’utilisation de l’écriture inclusive (dans le sens où elle est favorable ou non) influencerait aussi les facultés de lecture et compréhension.
Sophie Vela conclut son étude par une citation d’un participant :
« Tout ce que j’arrive à lire, c’est parce que je l’ai appris en séance d’orthophonie. Si, durant mes séances, j’avais découvert l’écriture inclusive, je n’aurais aujourd’hui aucun mal à la lire. Certes, cela me demande donc des efforts, mais ça en vaut la peine pour inclure tout le monde. »
Qu’en est-il des personnes malvoyantes ou non-voyantes ? Et notamment de la reconnaissance de l’écriture inclusive par les lecteurs d’écrans ?
Actuellement tous les lecteurs d'écrans n’intègrent pas la lecture de points médians de la même façon, d’autant plus que beaucoup sont des logiciels anglophones à l’origine, et cela peut rendre la lecture plus ou moins fluide et compréhensible. Je vous incite à lire l’article de la lutine du web qui compare en juillet 2024 la lecture du point d’hyphénation, du point médian, de l’apostrophe et du tiret du 6 par les lecteurs d’écran. Les résultats sont très disparates et soulignent un point :
Cette évolution de la langue étant nouvelle, il est de la responsabilité des éditeurs des lecteurs d’écran de les adapter aux usages. Ainsi l’argument de la difficulté de lisibilité via un lecteur d’écran peut être entendable au moment où j’enregistre cet épisode car les lecteurs d’écrans ont une forte marge de progression mais ne peut pas être utilisé comme un frein catégorique à un usage.
Bon revenons à nos outils car il nous en reste 3 dans notre boîte :
notre 5ème outil est la neutralisation : Ainsi au lieu de dire, les joueurs ou les joueuses, on pourra dire l’équipe. Cela va de paire avec les membres d’une association ou le personnel soignant.
notre 6ème outil est le langage imagé : evidemment en utilisant des métaphores sans stéréotypes car on se représente toujours plus simplement les choses avec des image, et ce qui peut sembler anodin pour nous ne l’est pas forcément pour les autres
notre 7ème et dernier outil est le langage précis lorsqu’on va parler d’identité raciale, de genre, d’orientations sexuelles, de handicap, etc… C’est pour cela que je parle de personnes malvoyantes et non-voyantes par exemple, car c’est un spectre et que ces capacités différentes ne font pas référence à la même situation, aux mêmes besoins.
Tous ces outils, la féminisation des métiers, les doublets, les néologismes, la ponctuation, la neutralisation, le langage imagé et le langage précis sont à votre disposition. A vous ensuite de les expérimenter afin de trouver ce qui vous semble le plus adéquat selon la situation et d’y aller pas à pas. Le changement ne se fera pas d’un coup, mais tout comme notre podcast qui est une quête vers le design inclusif, le langage inclusif est un chemin. Personnellement parfois je dis toutes et tous, parfois toustes… ou encore collaborateurs et collaboratrices, ou bien parfois collaborateur·rices.
L’idée est de se lancer car les études, nombreuses sur le sujet même si je ne vous en ai cité que quelques unes, s’accordent à dire qu’utiliser le langage inclusif permet :
• Proposer de nouveaux imaginaires ouvrant de nouvelles possibilités en se défaisant du masculin neutre qui active majoritairement des représentations et projections masculines (cela est valable pour d’autres domaines, comme avoir la petite sirène noire lors du remake Disney - ah j’entends déjà les débats enflammés arrivés au loin)
• Atteindre une audience plus large car le langage inclusif permet une meilleure identification et représentation
• Rendre visible la diversité
Retrouvez l'épisode ici : https://www.atypha.com/inclusive-design-quest/episode/aefc3ca7/ecrire-pour-toustes-faut-il-franchir-le-pas
RESSOURCES
Vidéo Linguisticae - 10 TRUCS SOULANTS autour de l'ÉCRITURE INCLUSIVE - MLTP#20
Vidéo Scilabus - L’écriture inclusive a-t-elle un intérêt ? Quelles preuves ?https://youtu.be/url1TFdHlSI?si=lPt-FLtflaNQtoBp
Livre : Chirurgiens au féminin
E-book Le langage inclusif : ce levier auquel vous n’aviez pas pensé pour une com plus juste, plus créative et plus efficace - Reworlding
Pour fini, il faut aller plus loin et parler accessibilité web => https://www.lalutineduweb.fr/ecriture-inclusive-point-hyphenation-accessibilite-lecteurs-ecran/
Mémoire “De la nécessité d’étudier l’accessibilité des écritures inclusives aux personnes dyslexiques” Justine Bulteau
“Écriture inclusive: obstacle infranchissable pour les personnes dys? Synthèse d’une étude de lisibilité” par Sophie Vela
“De la nécessité d’étudier la lisibilité des nouvelles formes typographiques non-binaires (ligatures et glyphes inclusives), les alternatives au point médian et au doublet observés dans les milieux activistes, queer et trans-pédé-bi-gouines” (2021)
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